Depuis bientôt un an, nous développons une gamme de mobilier de bureau éco-conçue. En collaboration avec la Coopérative MU pour l’écoconception, Samuel Accoceberry pour la direction artistique et grâce au soutien financier de l’ADEME, nous avons créé une collection de mobilier de bureau exemplaire.
A travers une série de dix posts, nous vous invitons à découvrir notre démarche d’éco-conception, les enjeux environnementaux de la production de mobilier et la façon dont nous nous appliquons les réduire.
Avant de rentrer dans le détail et les résultats de l’étude réalisée sur nos meubles, nous souhaitons dans ce premier post détailler ce que signifie pour nous, éco-conception.
L’éco-conception, telle que la défend la Coopérative MU, et telle que définie dans la norme ISO 14062, se doit d’être : multi-étapes, systémique, multi-critères et prendre en compte le service rendu.
KATABA adhère totalement à cette approche, car respecter ces quatre principes garantit une analyse exhaustive et permet d’éviter les pièges ou les facilités qui réduisent aisément une volonté écologique sincère à du « green-washing ».
Une démarche multi-étapes
Pour comprendre les enjeux environnementaux d’un meuble, il faut d’abord identifier les matières premières qui le constitue. Un meuble sera en général majoritairement composé de bois, mais aussi de métaux, de verre, de plastiques, etc. La démarche d’éco-conception suppose de comprendre l’origine de ces différents constituants, et leurs conditions de production.
Ces matières premières sont ensuite acheminées jusqu’à un site de fabrication, avec des impacts environnementaux liés au transport et dépendant du mode de transport, des distances parcourues, du remplissage des véhicules, etc.
Elles sont ensuite transformées pour la fabrication du meuble, par des opérations industrielles successives qui nécessitent notamment de l’énergie, qui génèrent des émissions (par exemple de poussières dans l’air ou de métaux dans les eaux) ainsi que des déchets de production qu’il faut traiter.
Le meuble une fois réalisé sera de nouveau transporté jusqu’au client, en une ou plusieurs étapes, puis sera utilisé pendant plusieurs années.
Tôt ou tard, le meuble sera jeté. Une partie pourra être recyclé, et le reste sera éliminé par enfouissement ou incinération.
Ainsi, pour comprendre les enjeux environnementaux d’un meuble, le premier pas nécessite d’identifier et de comprendre les différentes étapes de son cycle de vie, de l’extraction des matières premières jusqu’à sa fin de vie.
Illustration du cycle de vie d’un meuble – coopérative Mu
Une démarche systémique
L’éco-conception est également une démarche systémique. Nous ne nous intéressons pas uniquement au meuble mais à l’ensemble des éléments nécessaires à son cycle de vie. Si le meuble est livré sur palette, une partie des impacts liés au cycle de vie de la palette lui sont attribué. Si des pièces de rechange sont prévues (vis, tablettes, etc.), leurs cycles de vie seront également pris en compte. Enfin, le meuble devra être entretenu tout au long de sa durée de vie, et les produits utilisés peuvent également être intégrés. On parle alors de système produit.
Illustration du système produit – coopérative Mu
Une démarche Multi-critères
Une fois le cycle de vie et le système-produit identifiés, et l’ensemble des données associées collectées, nous pouvons alors évaluer les impacts environnementaux associés. On parle alors d’Analyse de Cycle de Vie (ACV), une méthode encadrée par une série de normes internationales (ISO 14040-44).
Bien sûr, les émissions de gaz à effet de serre sont évaluées, mais aussi d’autres indicateurs reflétants les impacts du cycle de vie du meuble sur l’épuisement des ressources, les pollutions dans l’eau, les pollutions dans l’air, etc.
L’objectif de cette approche multi-critères est à la fois d’identifier les enjeux prioritaires pour concentrer les efforts d’éco-conception sur les impacts les plus notables, mais également d’éviter ou d’arbitrer les éventuels transferts d’impacts (une réduction des émissions de gaz à effet de serre qui aurait par exemple pour conséquence une augmentation de la consommation d’eau).
Sept indicateurs ont été sélectionnés dans notre étude. Ils seront décrits en détail dans un prochain post.
Une démarche qui prend en compte le service rendu
Enfin, la notion de service rendu est déterminante pour mesurer l’incidence des solutions susceptibles de réduire les impacts environnementaux de notre meuble. Ainsi, les impacts environnementaux du cycle de vie sont calculés non pas sur la base d’un produit, mais de la fonction principale de ce dernier. On parle alors d’unité fonctionnelle et les alternatives de conception sont comparées à fonction équivalente.
En utilisant par exemple l’unité fonctionnelle suivante « mettre à disposition un bureau de travail pour une personne pendant un an », on intègre la durée d’utilisation qui permet de prendre en compte la durée de vie du meuble. Ainsi, prolonger sa durée de vie aura pour conséquence de réduire les impacts par année d’utilisation.
Ainsi, il existe toujours deux leviers complémentaires qui permettent l’éco-conception d’un produit. Soit on réduit les impacts du meuble en préservant le niveau de service rendu (par exemple en sélectionnant des matériaux équivalents moins impactant, en sélectionnant des fournisseurs exemplaires, en privilégiant des modes de transport performants, etc.), soit on augmente le niveau de service rendu sans augmenter les impacts (en prolongeant la durée de vie par un service de réparation, en améliorant l’ergonomie ou la modularité du meuble, etc.). L’idéal étant bien sûr d’agir sur les deux leviers simultanément.
Illustration des leviers d’éco-conception – coopérative Mu
Dans le prochain article nous commencerons à découvrir en détails les enjeux propres au mobilier de bureau.
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